16 mars 2017
Pour clore la première édition du concours Coopératives-HEC Montréal, l’Institut international des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins a remis le jeudi 16 mars 2017 le Prix d’excellence de 500 $ à Anne Gauthier, pour son mémoire sur le milieu coopératif.
L’étudiante inscrite à la maîtrise Gestions en contexte d’innovations sociales à HEC Montréal a été sélectionnée par un jury composé de professeurs et chercheurs de HEC Montréal.
Résumé du mémoire « Le Nunavik d’aujourd’hui : coopération ou « entreprisation »? » par Anne Gauthier
C’est à la fin des années 1950 que le peuple inuit choisit l’organisation coopérative comme moyen de développement socio-économique. Étant un genre particulier d’entreprise à visée sociale et solidaire, l’organisation coopérative offre en principe aux communautés inuit un certain contrôle sur leur développement. Depuis, le débat concernant l’avenir du peuple inuit québécois et de sa culture tourne autour de deux visions types. L’une, plus ancienne, voit comme issue aux maux qui accaparent la région une occidentalisation de la société inuit, ce qui exigerait l’abandon de toutes formes de pratiques traditionnelles au profit de celles modernes. L’autre, plus récente et peut-être plus idéaliste, croit en la possibilité d’un développement distinct, garant de la survie de la culture, des valeurs et des traditions ancestrales inuit. Qu’en est-il aujourd’hui? Comment les choses se présentent-elles effectivement sur le terrain?
Ce projet de recherche se consacre à l’apport actuel du modèle coopératif dans le développement des communautés inuit. Plus précisément, il s’agira d’évaluer la place respective qu’occupent le modèle coopératif et l’entreprise privée standard dans la société inuit actuelle. Car bien que différente, la coopérative demeure une entreprise. Il y a donc lieu de se demander si le modèle coopératif constitue un frein à l’« entreprisation du monde » inuit, notamment en favorisant la prise de contrôle de leur développement par les communautés, ou, au contraire, s’il agit comme un « cheval de Troie » en ouvrant la voie au déploiement de l’entreprise privée. La question de recherche est alors la suivante : le développement au Nunavik est-il façonné par la force de la coopérative ou de l’entreprise privée standard?
La méthodologie utilisée pour y répondre comprend deux volets. D’abord, une veille des publications récentes dévoilant la vision du développement des organismes régionaux du Nunavik et des coopérateurs inuit, complétée par des entrevues faites auprès de dirigeants de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec. Ensuite, le récit d’un séjour dans le Grand Nord québécois incluant des observations sur la vie dans le village de Kuujjuaq, la capitale, et des entrevues faites avec des dirigeants de différents organismes oeuvrant dans la région.
L’analyse des résultats suggère que le développement au Nunavik est aujourd’hui de plus en plus organisé par l’entreprise privée standard et ses produits. Néanmoins, une spécificité demeure qui le rend unique au territoire inuit. La thèse de ce mémoire propose l’« entreprisation autrement » du Nunavik.
À propos de l’auteure, Anne Gauthier
Anne Gauthier détient un baccalauréat en Études internationales de l’Université de Montréal durant lequel elle s’est particulièrement intéressée au développement international. Elle a ensuite intégré la maîtrise Gestions en contexte d’innovations sociales à HEC Montréal pour approfondir ses connaissances de l’organisation coopérative et de ses promesses d’une économie plus égalitaire et démocratique. Au mémoire, elle a découvert que les quatorze communautés inuit du Nunavik ont choisi, au début des années 1960, la coopérative comme moyen de développement socio-économique. Elle s’est alors demandé si ce genre particulier d’entreprise à visée sociale et solidaire a pu leur offrir un certain contrôle sur leur développement. Après un séjour à Kuujjuaq, elle a publié en octobre 2016 le mémoire Le Nunavik d’aujourd’hui : coopération ou « entreprisation »? Parallèlement, Anne s’est impliquée comme responsable de spécialisation de 2013 à 2015. Au cours de son mandat, elle a travaillé en étroite collaboration avec le professeur responsable du programme et les autres étudiants afin de bonifier l’offre de cours, de créer un réseau de partenaires et de lancer une grande campagne promotionnelle. Leur action a fortement contribué à créer un engouement pour cette maîtrise.