Bonjour Sonja, bienvenue à l’Institut ! Parlez-nous peu de vous. D’où venez-vous?
Merci! C’est vraiment formidable d’être connectée à l’Institut, après avoir entendu parler de votre travail pendant plusieurs années.
Je viens de Croatie, mais je suis arrivée au Canada il y a de nombreuses années en tant qu’étudiante diplômée. J’ai un doctorat de McGill, donc je suis très heureuse de passer à nouveau plus de temps à Montréal.
Mes intérêts professionnels et mes antécédents ont leurs racines dans le système yougoslave d’autogestion. Le contrôle des travailleurs et la prise de décision démocratique étaient la norme, donc mon diplôme en économie était vraiment axé sur la propriété collective et les entreprises autogérées.
Comment êtes-vous entrée dans le domaine de la recherche sur les coopératives ?
Une fois arrivée au Canada, j’ai trouvé que la littérature sur le système yougoslave ne décrivait pas ce que je savais des arrangements institutionnels dans l’économie. J’ai commencé à faire des recherches et à écrire sur les entreprises gérées par les travailleurs et j’ai rejoint l’Association internationale pour l’économie de la participation (IAFEP), où la recherche sur les coopératives de travail associé chevauchait l’autogestion.
Une maîtrise professionnelle en gestion coopérative a été créée à l’Université Saint Mary’s en 2002, alors j’ai rejoint la faculté pour enseigner l’économie coopérative. Cela m’a élargi la perspective sur d’autres types de coopératives, ainsi que sur le mouvement coopératif avec ses valeurs et ses principes partagés. Tout a commencé par-là!
Actuellement, quel est votre domaine d’intérêt ou de concentration sur les coopératives ?
Je continue à être attirée par la théorie économique des coopératives de travail, car la littérature à ce sujet est encore insatisfaisante. En plus des coopératives de travail, je travaille également sur la gouvernance coopérative plus largement avec mes collègues du Centre international de gestion coopérative à Saint Mary’s, et je m’intéresse particulièrement à mettre en évidence les hypothèses théoriques sous-jacentes et à montrer la différence entre les différents types de coops et leur contexte. Nous l’appelons la « gouvernance humaniste » pour mettre l’accent sur les personnes plutôt que sur la propriété du capital, et pour définir les structures et les processus de gouvernance qui fonctionnent le mieux pour les entreprises coopératives.
Je suis également impliquée dans le projet sur l’impact du Covid-19 avec des collègues de l’IRECUS à Sherbrooke, et de l’Université du Cap-Breton, et un projet sur les indicateurs de durabilité avec l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD).
Je voudrais explorer un peu plus délibérément l’économie circulaire coopérative, c’est donc un projet pour les années à venir.
Qu’espérez-vous accomplir durant votre séjour à HEC Montréal?
Je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de renouer avec certains collègues d’HEC, d’élargir le réseau et de nouer de nouvelles relations. Un autre point d’intérêt est de promouvoir la bibliothèque PortailCoop au sein de l’Institut, car il s’agit d’une ressource rare et peu connue des chercheurs coopératifs de partout. De plus, j’attends avec impatience des idées de projets de recherche communs, tels que l’économie circulaire, et une collaboration à long terme entre nos deux centres.
En tant qu'(ancienne) présidente du comité de recherche sur les coopératives de l’Alliance coopérative internationale (ICA CCR), que pensez-vous que l’on pourrait faire pour accroître la recherche sur les coopératives ?
Je viens de terminer mon deuxième et dernier mandat à la présidence du CCR de l’ACI, donc les idées sont fraîches. La recherche coopérative a besoin d’un financement ciblé et d’un accès aux jeunes chercheurs. Certaines coopératives sont bien connectées aux universités, en particulier au Québec, mais il manque un engagement significatif à long terme pour développer des chercheurs coopératifs la plupart du temps. La création de chaires de recherche dans les universités est probablement la meilleure stratégie; une autre option serait de financer des projets spécifiques ou de s’associer à des universitaires pour obtenir du financement du gouvernement.
Les jeunes chercheurs sont d’une importance primordiale dans cet effort, donc financer les étudiants diplômés et leur fournir des données est quelque chose que les coopératives doivent soutenir. Au Canada, nous connaissons bien le financement de type ARUC (Alliance de recherche universités-communautés), où les praticiens et les chercheurs se réunissent. Je pense que c’est la formule gagnante pour les coopératives puisque les idées doivent être ancrées dans la pratique.
L’ICA a récemment formé un groupe de réflexion (ICETT) qui, je pense, est une chance de combler le fossé entre la pratique coopérative et la communauté de recherche internationale, en engageant des chercheurs coopératifs – anciens et nouveaux – dans le travail d’ICETT.