En septembre 2022, le CQCM (conseil québécois de la coopération et de la mutualité) publiait son étude sur le taux de survie des coopératives. Les résultats démontraient encore une fois la force du modèle coopératif et mettaient de l’avant ses nombreux avantages. Cependant, comme mentionné par Axel Gizard, étudiant à la maîtrise en gestion et développement durable à HEC Montréal : « Je trouve qu’il y a un véritable manque de sensibilisation envers les coopératives que ce soit à l’université, ou dans la sphère professionnelle. Ce modèle organisationnel qui considère ses impacts sociaux et environnementaux mérite à mieux se faire connaitre. » Je m’interroge donc sur les opportunités que nous pouvons offrir aux étudiants afin de faire entrer le modèle coopératif dans les écoles de commerce. C’est donc la raison pour laquelle j’ai assisté aux présentations finales du cours de Rafael Ziegler et Joseph El-Khoury afin de comprendre comment cela peut changer.

Dans le cadre du cours « Développement durable et gestion » donné à la session d’automne 2022 à HEC Montréal par Monsieur Ziegler et Monsieur El-Khoury, les étudiants ont eu l’occasion d’en apprendre davantage sur l’économie circulaire et sur le modèle coopératif. Sur la base de huit mandats fournis par cinq coopératives, ainsi que l’Institut international des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins de HEC Montréal et Hydro-Québec, les équipes d’étudiants ont exploré les options de circularité en utilisant une méthode de backcasting. Une opportunité enrichissante offerte aux étudiants afin de découvrir les points d’intersection entre l’économie circulaire et le modèle coopératif.

L’économie circulaire, par son opposition à l’économie linéaire, est un modèle de plus en plus répandu et enseigné au sein des écoles de gestion. Celle-ci s’appuie sur le fait de repenser nos modes de production et de consommation, et l’optimisation des ressources. Ce modèle inspire la communauté étudiante par son potentiel d’avenir et de réponse à de nombreuses problématiques et enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Néanmoins, vous pourriez vous questionner sur l’importance de faire découvrir le modèle coopératif. Laissez-moi vous poser la question : « Savez-vous ce que c’est une coopérative ? » La plupart du temps, la réponse est non. Pire, la réponse est souvent négative auprès des étudiants en gestion d’entreprise également. Dans le cadre de leur parcours, ils sont amenés à découvrir les différentes formes d’entreprises et bien souvent le modèle coopératif est négligé. Une véritable perte pour les étudiants, car on le sait, le modèle coopératif ne cesse de faire ses preuves et représente une véritable réponse aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Grâce au cours mené par Monsieur Ziegler et Monsieur El-Khoury, les étudiants ont eu la chance de se concentrer sur des mandats inspirants, reposants sur des valeurs coopératives importantes, qui rejoignent les leurs. En voici quelques-uns pour vous faire une idée :

  • Comment renforcer le réseau de partenaires clés et de clients de la coopérative Polliflora afin de consolider sa mission ?
  • Comment la CAPÉ (Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique) peut-elle intervenir en offrant un service mutualisé pour renforcer la capacité de production de l’agriculture locale ?
  • Exploration des protocoles d’un bilan carbone dans le contexte d’une coopérative et de sa viabilité d’activité secondaire pour la Centrale agricole et ses membres.

D’autres coopératives telles que Retournzy, et Monark étaient aussi présentes avec des mandats très enrichissants. Parmi les autres acteurs présents, on retrouvait aussi l’Institut des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins de HEC Montréal, le CQCM, ainsi qu’Hydro-Québec. Cette dernière, de par sa volonté de prendre un véritable virage, souhaite comprendre comment favoriser et renforcer ses relations avec les entreprises d’économie sociale à l’intersection avec l’économie circulaire.

Comme vous pouvez le constater, ce sont des mandats à impact. Les étudiants sont donc amenés à faire une vraie différence et à s’engager. Cela n’est-il pas ce que les étudiants recherchent de nos jours ? Évidemment, ces mandats ont aussi permis aux coopératives et acteurs présents de bénéficier de l’expertise d’étudiants engagés et compétents. Un pari gagnant !

Et si vous avez encore du mal à me croire, voici ce qu’Axel Gizard m’a confié sur son expérience à la fin de son mandat : « Résoudre un mandat porté sur les coopératives et l’économie circulaire m’a permis d’en apprendre plus sur ces organisations uniques porteuses de valeurs alternatives. Ces valeurs, je les qualifierais de plus ‘humaines’, car elles participent à remettre l’individu au cœur de l’entreprise, à prendre des décisions plus démocratiques, et défendent une justice environnementale, entre autres. J’ai aussi pu comprendre que les coopératives, par leurs valeurs ‘humaines’ et environnementales, avaient naturellement tendance à adopter des principes de circularité. Donc, une économie avec plus de coopératives, c’est une économie circulaire. »

Grâce à ce défi relevé, les étudiants ont pu participer à un exercice formateur qui représente un véritable tremplin pour leur avenir. Ils se retrouvent donc mieux équipés pour leur carrière future. Et qui sait, peut-être ont-ils même eu la piqûre pour le milieu coopératif et envisagent dès à présent de suivre cette voie.

Voilà maintenant un an que je suis conseillère en entrepreneuriat coopératif jeunesse. Un long titre qui, en résumé, signifie que je m’engage, chaque jour, à promouvoir l’entrepreneuriat coopératif et le modèle coopératif auprès de la relève de demain, la jeunesse. Étant moi-même une ancienne étudiante de quatre écoles de commerce à travers le monde, j’ai ressenti ce manque de formation dans mon parcours. Je me suis bien trop souvent posé la question suivante : « Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de ça avant ? ». De nos jours, les jeunes veulent être des acteurs du changement puisqu’ils ont conscience que ce changement est primordial pour leur avenir. Il ne fait donc aucun doute qu’ils souhaitent donc être équipés en conséquence. J’ose espérer que de plus en plus d’initiatives telles que celle-ci pourront voir le jour à l’avenir, car elles sont porteuses de bénéfices autant pour les étudiants, que pour le modèle coopératif.

Camille Orban de Xivry