L’Institut est heureux d’annoncer la publication d’un article de recherche de la professeure adjointe Justine Ballon (en collaboration avec Sylvain Celle, Anne Fretel et Delphine Vallade) dans l’édition printemps 2023 de la Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoir, au dossier « Approches mésoéconomiques des coopératives des régulations sociopolitiques ». L’article, intitulé « Coopératives de production : quelle spécificité du rapport social d’activités coopératif à l’aune du rapport salarial? », démontre comment, dans une perspective sociohistorique du XIXe à aujourd’hui, les coops de travail en France parviennent, sur certaines périodes et à certaines conditions, à modifier le rapport travail/capital pour mieux protéger leurs membres travailleur.ses-associé.es.
Résumé
Cet article analyse les coopératives de production en questionnant leur capacité à produire un rapport social d’activités relativement autonome et protecteur vis-à-vis du rapport salarial dominant. En prenant appui sur les travaux régulationnistes consacrés au rapport salarial et au rapport social d’activité, nous proposons une lecture basée sur la conceptualisation d’un « rapport social d’activités coopératif » spécifique, fondé sur le principe de double qualité. Il se caractérise par quatre composantes principales : 1) la futurité ; 2) la gouvernance ; 3) l’organisation du travail ; 4) les revenus et mutualisations. À travers une relecture historique et la mise en lumière de faits stylisés, nous considérons l’évolution historique du « rapport social d’activités coopératif » dans les coopératives de production en France, au regard de l’évolution du rapport salarial. Trois principales périodes sont dégagées : 1815-1910 avec un « rapport social d’activités coopératif » alternatif à l’émergence du salariat ; 1910-1980 avec son assimilation dans la société salariale ; enfin à partir des années 1980 avec le retour d’un idéal contournant la subordination salariale. Au regard de cette lecture théorique et historique du « rapport social d’activités coopératif », nous questionnons sa capacité à produire des formes de protection et de sécurisation salariale au sein de l’entreprise face à un rapport salarial de plus en plus précaire. Nous mettons finalement en discussion le fait que la gouvernance démocratique serait non seulement un élément clé de différenciation du « rapport social d’activités coopératif », mais aussi une condition pour produire une protection salariale dans l’entreprise.
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