11 septembre 2020
Le directeur de l’Institut et professeur associé, Éric Brat, et Benoît Tremblay, professeur honoraire à HEC Montréal, ont été interviewés dans le cadre du dossier spécial sur le modèle coopératif de la revue Gestion HEC Montréal.
Le premier article, intitulé « Un modèle d’affaires qui a façonné le Québec » présente un portrait de l’évolution des coopératives de ses débuts, en commençant par la Société des Équitables Pionniers de Rochdale, une société fondée en 1844 en Angleterre généralement reconnue pour avoir élaboré les principes de base de la coopérative. À l’époque, souligne Benoît Tremblay, « (…) il s’agissait souvent de s’opposer à un capitalisme jugé sauvage, mais au fil du temps, les coopératives se sont adaptées à l’évolution économique ». Bien qu’à cette époque les coopératives du Royaume-Uni étaient souvent des coopératives de consommateurs, et celles en France plutôt des regroupements de crédit et agricoles, elles se ressemblent sur un point important, selon Éric Brat : « Elles apparaissent lorsqu’un groupe de gens éprouve un besoin qui n’est pas satisfait par le système économique existant ».
Au Québec, le modèle prend racines en 1900, avec le Mouvement Desjardins. Dans la province, c’est en effet « au sein de l’industrie financière et du secteur agricole que les coopératives ont connu le plus de succès », d’après Benoît Tremblay. Non seulement grâce à l’Église catholique, qui encourage la création d’associations entre personnes pour aider la classe ouvrière à échapper à la pauvreté, mais graduellement aussi avec le soutien de l’État, qui a adopté des lois favorables au développement des entités coopératives. En effet, au fil des années 60-70, l’État percevra le modèle coopératif comme un outil aidant les Francophones à reprendre le contrôle de leurs économies, dans un pays encore largement dominé par les institutions anglophones. Ce soutien déterminant a conduit à un véritable essor d’entreprises coopératives au Québec – il existe 3 300 coopératives et mutuelles, regroupant 8,8 millions de producteurs, consommateurs et travailleurs –, ainsi qu’à une forte croissance – aujourd’hui, le Mouvement Desjardins gère 313 milliards de dollars actifs, alors que La Coop fédérée, renommée Sollio Groupe Coopératif en février 2020, est la plus grande coopérative agricole au Canada.
Bien que les coopératives soient des institutions démocratiques – un membre, un vote – elles restent des entités commerciales, c’est-à-dire, à but lucratif. « Ce ne sont pas des organismes à but non lucratif. Elles doivent se montrer rentables et agissent dans un environnement concurrentiel », note Éric Brat. Ce modèle est bénéfique pour la santé économique du pays : l’ancrage territorial important de ces institutions constitue « (…) un tissu économique coopératif fort (qui offre) une garantie de stabilité et de bien-être pour les employés et les consommateurs », conclut-il.
L’article « Toujours pertinent, l’esprit coopératif? », quant à lui explore l’expansion du modèle coopératif dans des domaines et secteurs autres que celui les services financiers. Bien que le modèle souffre d’un manque de visibilité, l’intérêt des jeunes Québécois (18-34 ans) est élevé. En citant une étude réalisée en 2019 par l’Institut, ainsi qu’un sondage mené en 2017 par la firme Léger, l’article démontre que les jeunes partagent des valeurs fondamentales ancrées au cœur du modèle coopératif, sans toutefois les associer à ce modèle. « (Ils) connaissent très bien ces entreprises mais ne savent pas toujours que ce sont des coopératives », note Éric Brat.
Expliquer et promouvoir ce modèle d’affaires est d’ailleurs un des objectifs principaux de l’Institut à travers la plateforme PortailCoop. Actuellement, il s’agit de la plus grande bibliothèque au monde sur les coopératives et les mutuelles, qui regroupe des données des quatre coins du monde et facilite leur accès, notamment pour les chercheurs. « Trouver des données sur les coopératives au Québec demeure un défi et (le) PortailCoop représente un atout pour le surmonter », souligne Benoît Tremblay.
Au fil des années, de nouvelles lois et modifications ont permis et encouragé l’adoption du modèle coopératif à un nombre croissant d’individus en provenance de domaines de plus en plus disparates.
L’article se penche sur quatre coopératives dans l’architecture, l’ingénierie, l’électrique, et la librairie, explorant leur adaptation au modèle et leur vision entrepreneuriale.